Histoire de la Corse
L'histoire de la Corse commence avec les premières occupations humaines du territoire. La position géographique de la Corse en mer Méditerranée a suscité les convoitises depuis l'Antiquité. Les Phéniciens et les Sardes commercent avec l'île, mais seuls les seconds prennent pied sur l'île. Les Phocéens fondent Aléria (appelée alors Alilia) en 565 av. J.-C. et sont chassés par les Étrusques, eux-mêmes chassés par les Syracusains. Vers 280 av. J.-C., les Carthaginois contraignent les Syracusains au départ, avant de devoir quitter l'île après les défaites lors des guerres puniques. La République romaine prend pied sur l'île et organise le territoire, tout en ayant une politique très dure à l'égard des peuples présents sur l'île, notamment à Aléria. La Corse et la Sardaigne sont alors rattachées au sein d'une même province, et l'île devient une colonie de peuplement. Auguste fait de l'île une province impériale, qui connaît peu de troubles jusqu'à la chute de l'Empire romain d'Occident en 476. À partir de là, la Corse ne va cesser de connaître des attaques armées, des administrations d'autres États ou des occupations jusqu'à sa conquête par la France en 1769.
Du XIe siècle au XVIIIe siècle, l'île est sous l'administration de la république de Pise puis de la république de Gênes, hormis l'intermède de la présence française de 1553 à 1559. À partir du XVIe siècle, l'Angleterre, l'Empire espagnol et le royaume de France commencent à s'intéresser à l'île en raison de sa position stratégique. La guerre de succession de Pologne puis la guerre de succession d'Autriche renforcent la rivalité entre les trois puissances européennes, d'autant plus que la Corse connaît deux indépendances éphémères avec le royaume de Corse en 1736 puis la République corse à partir de 1755. Néanmoins, le royaume de France négocie deux traités à Compiègne avec Gênes, en 1756 et 1764 et reprend pied sur l'île dans les places fortifiées pour la première fois depuis 1559. L'impossibilité pour Gênes de respecter les conditions du traité de Versailles et la volonté de revanche du royaume de France sur la Grande-Bretagne depuis la guerre de Sept Ans facilitent la stratégie de Étienne-François de Choiseul, le principal ministre de Louis XV, qui projetait dès 1764 l'annexion de l'île. La bataille de Ponte-Novo met fin à l'indépendance de la Corse, qui devient un Pays d'états. La réunion de la Corse à la France est actée au début de la Révolution française le 30 novembre 1789. Les puissances étrangères reconnaissent la réunion de la Corse à la France par le traité de Paris de 1814, après la fin des guerres napoléoniennes et l'éphémère Royaume anglo-corse.
L'île connaît un développement important au XIXe siècle, notamment durant le Second Empire et au début de la Troisième République. Après la Première Guerre mondiale où la mobilisation fut très importante en Corse, l'île connaît un déclin démographique et économique considérable, y compris dans les principales villes. Néanmoins, elle réaffirme son attachement à la France face à la montée de l'irrédentisme italien à travers le serment de Bastia prononcé le 4 décembre 1938. Placée dans la Zone libre par l'armistice du 22 et du 24 juin 1940, l'île est occupée par l'armée royale italienne à partir de novembre 1942 puis par des troupes de la Heer et des Waffen-SS en juin 1943. L'armistice de Cassibile fait passer l'Italie dans le camp des Alliés, et la Corse se soulève contre l'occupant. Elle est totalement libérée le 5 octobre 1943, étant le premier territoire libre de France métropolitaine. L'île devient une base aérienne pour les Alliés, sa position étant centrale notamment pour le débarquement de Provence. Antoine de Saint-Exupéry est d'ailleurs parti de Borgo pour sa dernière mission d'où il n'est jamais revenu, son avion ayant été abattu en Méditerranée. L'État réalise de nombreux investissements et aménagements sous la Quatrième République pour tenter d'enrayer le déclin de l'île. Néanmoins, le nationalisme corse renaît à la fin des années 1960, pourtant en plein dans la période des Trente Glorieuses. Les événements d'Aléria de 1975 amorcent une recrudescence de la violence et des conflits internes au sein de l'île, et de là naît la question de l'autonomie. Plusieurs statuts sont adoptés à partir de 1982, mais cela ne change pas la position de la frange radicale des nationalistes. En 1998, l'assassinat de Claude Érignac par un commando armé affilié au FLNC constitue le point d'orgue des violences dans l'île et l'atteinte la plus grave à l'autorité de l'État depuis l'assassinat de Paul Doumer en 1932. Depuis 2018, l'île est une collectivité territoriale unique.